Au XIXe siècle, on distinguait les religions primitives des grandes religions de la planète sous deux aspects. En premier lieu, les religions primitives seraient inspirées par la peur ; en second lieu, elles seraient inextricablement liées aux notions de souillure et d'hygiène : les primitifs étaient, disait-on à l'époque, convaincus que ceux qui, par inadvertance, traversaient quelque ligne interdite étaient victimes d'effroyables catastrophes.
Mais les anthropologues qui, comme Mary Douglas, se sont engagés dans une démarche comparative ont récusé ces oppositions pour s'intéresser aux manières dont chaque culture classe les dangers et aux rites permettant de les conjurer. L'hygiène, de ce point de vue, se révèle une excellente piste si nous savons la suivre en profitant des connaissances que nous avons de nos propres sociétés : intégrées à l'ensemble des interdits qui ont cours dans une société donnée, les notions de saleté et de pollution symbolique mettent en jeu le rapport de l'ordre au désordre, de l'être au non-être, de la vie à la mort.
Mary Douglas (1921-2007), anthropologue, a enseigné aux universités de Londres, Columbia, Northwestern et Princeton. Ses travaux d'africaniste lui ont valu la Memorial Medal du Royal Institute. Elle a publié une quinzaine d'ouvrages, parmi lesquels Comment pensent les institutions (La Découverte, 2000, 2004).
" Ce livre passionnant et complexe présente les interdits rituels comme le problème central de l'histoire des religions. "
Luc de Heusch
" Héritière de l'école de fonctionnaliste, Mary Douglas pose, dans cet essai de 1967, que toute culture doit faire dace aux anomalies qui découlent de son système. Elle introduit alors la notion frontière de souillure pour comprendre comment les sociétés primitives sélectionnent rationnellement les dangers [...] Ce livre passionnant est aussi le prélude à une anthropologie du risque que Douglas développera plus tard dans une théorie politico-légale du danger en Occident. Une constante structurelle se dégage de cet essai : la nécessité pour l'homme de créer de l'ordre dans la viscosité du réel, création elle-même porteuse du symbolique. "
LE MONDE DES POCHES
" De la souillure est devenu un ouvrage de référence de l'anthropologie grâce au réexamen que fait son auteure des rites, qu'ils soient ou non religieux, à la lumière des catégories de souillure et de pollution. "
SCIENCES HUMAINES
2024-12-13 - PRESSE
Préface, Luc de Heusch
Avertissement de l'auteur
Introduction
1. La souillure rituelle
2. La souillure séculière
3. Les abominations du Lévitique
4. Magie et miracle
5. Mondes primitifs
6. Pouvoirs et périls
7. Frontières extérieures
8. Lignes internes
9. Le système en guerre avec lui-même
10. Éclatement et renouveau du " système "
Postface
Bibliographie.