Au XIXe siècle, on distinguait les religions primitives des grandes religions de la planète sous deux aspects. En premier lieu, les religions primitives seraient inspirées par la peur ; en second lieu, elles seraient inextricablement liées aux notions de souillure et d'hygiène : les primitifs étaient, disait-on à l'époque, convaincus que ceux qui par inadvertance traversaient quelque ligne interdite étaient victimes d'effroyables catastrophes. Mais les anthropologues qui, comme Mary Douglas, ont pénétré plus profondément dans ces cultures primitives ne trouvent pas trace de cette peur. L'hygiène, en revanche, se révèle une excellente piste si nous savons la suivre en profitant des connaissances que nous avons de nos propres sociétés : plus nous connaissons les religions primitives, plus il nous apparaît qu'il y a, dans leurs structures symboliques, une place pour la méditation sur la saleté qui est aussi une réflexion sur le rapport de l'ordre au désordre, de l'être au non-être, de la vie à la mort.
Mary Douglas, anthropologue, a enseigné aux universités de Londres, Columbia, Northwestern et Princeton. Ses travaux d'africaniste lui ont valu la "Memorial Medal du Royal Institute". Elle a publié une quinzaine d'ouvrages, dont De La souillure (Maspero, 1971 ; La Découverte, 1992, 2002), un des classiques de l'anthropologie, et d'autres titres consacrés à la logique des catégories de pensée (Natural Symbols, 1970 ; Implicit Meanings, 1975), au rapport de nos sociétés au risque (Risk and Culture, avec Aaron Wildavski, 1982) ou à la consommation (The World of Goods, avec Baron Isherwood, 1979).
« Ce livre passionnant et complexe présente les interdits rituels comme le problème central de l'histoire des religions. »
Luc de Heusch
« Héritière de l'école de fonctionnaliste, Mary Douglas pose, dans cet essai de 1967, que toute culture doit faire dace aux anomalies qui découlent de son système. Elle introduit alors la notion frontière de souillure pour comprendre comment les sociétés primitives sélectionnent rationnellement les dangers [...] Ce livre passionnant est aussi le prélude à une anthropologie du risque que Douglas développera plus tard dans une théorie politico-légale du danger en Occident. Une constante structurelle se dégage de cet essai : la nécessité pour l'homme de créer de l'ordre dans la viscosité du réel, création elle-même porteuse du symbolique. »
LE MONDE DES POCHES
« De la souillure est devenu un ouvrage de référence de l'anthropologie grâce au réexamen que fait son auteure des rites, qu'ils soient ou non religieux, à la lumière des catégories de souillure et de pollution. »
SCIENCES HUMAINES
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Préface, Luc de Heusch - Avertissement de l'auteur - Introduction - 1. La souillure rituelle - 2. La souillure séculière - 3. Les abominations du Lévitique - 4. Magie et miracle - 5. Mondes primitifs - 6. Pouvoirs et périls - 7. Frontières extérieures - 8. Lignes internes - 9. Le système en guerre avec lui-même - 10. Éclatement et renouveau du " système " - Postface - Bibliographie.