Nous avons appris avec tristesse le décès de l'historienne Rolande Trempé, le 12 avril 2016, un mois avant son centième anniversaire. Décrite par sa consœur Michelle Perrot comme « une intellectuelle rebelle aux idées reçues, aux modes, aux conduites imposées, aux hiérarchies, à l'académisme, au parisianisme[1] », elle a été une des pionnières de l'histoire sociale en France, notamment avec sa thèse Les Mineurs de Carmaux, 1848-1914 (Éditions ouvrières, 1971).
Membre du comité de rédaction de la revue Le Mouvement social depuis sa création par Jean Maitron en 1961 (revue que nous publions depuis 2008), Rolande Trempé a publié en 1989 à La Découverte Les Trois Batailles du charbon, 1936-1947 : un livre remarquable, où ressort l'empathie qu'elle a su établir avec les mineurs et leurs enfants lors de son enquête au long cours. Résistante communiste à l'occupation nazie, cette Toulousaine d'adoption a été ensuite une historienne hors normes : auteure de peu de livres, elle a pourtant marqué des générations d'étudiants par ses articles, sa pédagogie et son engagement.
Une étonnante « trajectoire de vie », évoquée notamment par le magazine Mondes sociaux en 2015. Et par l'historien Patrick Fridenson, qui a salué après son décès « une grande historienne, une rebelle et une amie ». On peut retrouver sa parole singulière dans un entretien qu'elle a accordé en 2008 au Mouvement social sur son expérience de Mai 68 à Toulouse et dans une vidéo très émouvante enregistrée en 2014 sur l'attribution du droit de vote des femmes en 1945.
[1] Avant-propos au livre d'hommage à Rolande Trempé : Marie-Danielle Demélas (dir.), Militantisme et histoire, Presses de l'université du Mirail, Toulouse, 2000.