À force de formater les gens et de leur offrir, à la télé, dans les magazines, des rêves de classes moyennes, on pourrait croire que les classes populaires ont disparu. « Perdues de vue » comme qui dirait. C’est sûr, tout le monde n’a pas d’arbre généalogique, de portraits de ses ancêtres, toutes choses qui vous placent pour la postérité. Mais au nom de quoi leurs façons d’être, leurs existences mêmes seraient-elles d’emblée disqualifiées ? Le populaire serait-il devenu impopulaire ? Ce livre donne la parole à ceux qui ne l’ont jamais dans l’espace public : les habitants des cités. Annick Madec a travaillé avec la famille Lesueur de 1992 à 1997 et nous livre ici les récits biographiques de ceux qui ont accepté le jeu de l’entretien : Solange, la mère et la plus impliquée, trois de ses filles et deux de ses gendres. Ce sont donc surtout des femmes qui parlent : d’elles bien sûr, de leurs hommes, de leurs enfants, de leurs aspirations, de leurs combats, de certains rêves qui se brisent, de la vie qui ne fait pas de cadeaux. Elles déroulent les événements pour mieux les démêler. Elles résistent, bricolent leur bonheur par petites touches, à coup de victoires invisibles, au quotidien. Le contrepoint masculin est essentiel ; il oblige à tenir compte de l’autre. Solange et sa famille passent à la postérité anonymement ; les narrateurs mettent au jour leurs propres contradictions et nous révèlent les nôtres, témoignant ainsi de notre commune humanité.
Annick Madec est sociologue. Membre de l'équipe SOURSE (politiques sociales, urbaines et de santé) et chargée de cours à l'université Paris-VIII, elle travaille sur les modes de vie des classes populaires et la politique de la ville.
« Annick Madec, dans une analyse vibrante, dénonce la violence symbolique
subie par les exclus de la parole et les ravages du discours majoritaire sur les
banlieues. Un J’accuse qui fait mal. Une proximité qui fait du bien. »
MARIE CLAIRE
« Le livre d’Annick Madec n’a de cesse de
nous inciter à voir au-delà de l’intimité, c’est-à-dire d’en prendre toute la
mesure sociologique, pour arracher les personnages tout à la fois au mépris de
classe et aux bons sentiments, leurs ennemis publics mais aussi leurs ennemis
intimes. »
LA QUINZAINE LITTÉRAIRE
« Le livre d'Annick
Madec, sociologue, n'est ni un roman ni un essai. C'est le portrait sensible et
anonyme d'une famille nombreuse vivant au coeur d'une de ces cités HLM tant
dépréciées. Solange, la mère est la « cheville ouvrière » du récit. La
conversation a duré cinq ans, de 1992 à 1997, et tissé une histoire à plusieurs
voix : la mère, trois de ses filles et deux de ses gendres se sont prêtés au jeu
du récit biographique. De toutes ces trajectoires se dégage une parole surtout
féminine. Elle dit leurs rêves et leurs combats, l'école, les naissances, leurs
hommes, le loyer à payer, la cité tour à tour aimée et détestée.
»
REGARDS
« Le projet d'Annick Madec qui a abouti au bel
ouvrage qu'est Chronique familiale en quartier impopulaire se situe
précisément à l'interface d'une sociologie de terrain et d'une sociologie de
combat, investie dans une lutte discursive pour redonner de la chair aux
catégories et du vécu aux discours sur ceux qui sont dépossédés, comme toujours,
de la fabrication de leur image. [...] La première réussite du livre est de nous
faire ressentir physiquement les conséquences du dénuement, de la
brutalité de la nécessité et de l'absence de choix. »
TRAVAIL, GENRE
ET SOCIÉTÉ
0000-00-00 - PRESSE
Du grain de sable au grain de sel
Le récit de Solange, été 1994
1956, le déménagement
À Saint-Jacques, une autre vie
Solange devient mère
À la cité Kémie, la belle-mère
Les Blocs, tout beaux, tout neufs
1989, la révolution de Solange
Du Bloc C au Bloc B
Le récit de Séverine, septembre 1994
Le récit de Sylvie, octobre 1994
Le récit de Rodolphe, octobre 1994
Le récit d'Isabelle, octobre 1994
Le récit d'Éric, octobre 1994
La faute aux parents... de la République, hiver 2002
L'air (vicié) du temps
Chacun sa vie
Au nom du père, In memoriam
Bibliographie.