Ramallah Dream - Benjamin Barthe

Ramallah Dream
Voyage au coeur du mirage palestinien

Benjamin Barthe

Les posters à la gloire des martyrs de l'Intifada ont disparu des rues de Ramallah. Ils ont été remplacés par d'immenses panneaux de publicité pour le crédit immobilier. La bourgade de Cisjordanie, théâtre du dernier baroud de Yasser Arafat, acculé en 2002 par les tanks israéliens dans son QG en ruines, s'est transformée en une mini-métropole cosmopolite, jalonnée de bars branchés et de résidences haut de gamme. Ramallah est ainsi devenue la vitrine du plan de Salam Fayyad, l'énergique Premier ministre palestinien, déterminé à créer un État de fait, à la barbe de l'occupant israélien. Son entreprise est appuyée par les pays donateurs qui déversent chaque année des piscines de billets verts sur les territoires occupés.
De quoi Ramallah est-elle le signe ? De la montée en puissance de l'Autorité palestinienne et de l'indépendance inéluctable des territoires occupés ? Ou bien de la banalisation de l'occupation et de l'affadissement du mouvement de libération palestinien ? Au croisement de l'enquête et du reportage, Ramallah Dream est le roman vrai d'un bantoustan doré. Plutôt qu'au théâtre d'ombres du processus de paix, Benjamin Barthe s'intéresse aux bouleversements qui travaillent la société palestinienne, dépolitisée de l'intérieur par l'industrie de l'aide. Les personnages qui se croisent dans ce récit – négociateurs, diplomates, hommes d'affaires ou activistes – dressent le portrait d'un État impossible, dont le territoire se dérobe en permanence sous les pas de ses dirigeants et dont l'économie est confisquée par une caste de privilégiés. Un livre à lire comme un avis de tempête.


Version numérique : 15.99 €
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Détails techniques
Collection : Cahiers libres
Parution : 06/10/2011
ISBN : 9782707166999
Nb de pages : 256
Dimensions : 13.5 * 22.0 cm
ISBN numérique : 9782707170866

Benjamin Barthe

Benjamin Barthe, âgé de 39 ans, est journaliste au Monde, spécialiste du Proche-Orient. Correspondant à Ramallah de 2002 à 2011, il a reçu le prix Albert Londres en 2008.

Extraits presse

Ramallah, 40 000 habitants intra muros, 220 000 si l'on prend en compte l'agglomération. Située à 15 kilomètres au nord-est de Jérusalem, à mi-hauteur de la Cisjordanie, la ville est la capitale de fait d'une Palestine qui n'existe pas. En attendant, un jour peut-être, Jérusalem-Est. Benjamin Barthe, qui fut neuf années durant correspondant au Monde dans les Territoires occupés, brosse un portrait de cette ville en plein boum économique, mélange de modernité et de tradition. [...] Benjamin Barthe montre, au gré d'un récit vivant et aux épisodes parfois tragicomiques, comment se forme "la bulle Ramallah". Il n'oublie jamais de rappeler et d'expliquer comment l'étau de l'occupation se referme sur ce théâtre d'ombres. Car ce livre très étonnant n'en finit pas de poser la question: la stratégie de la ville lumière, riche de toutes les tentations occidentales, est-ce l'embryon d'un Etat palestinien qui fait ses preuves ou l'ultime acte de soumission à une occupation dont on finit par s'accommoder ? Un peu comme si les clivages sociaux, au sein e la population palestinienne, avaient réduit à néant l'ambition nationale.

2011-10-06 - Denis Sieffert - Politis

 

Ramallah Dream : le titre choisi par Benjamin Barthe flotte comme un mirage, que le journaliste, chroniqueur attentif pour la presse française (Le Monde notamment) des réalités quotidiennes de la Palestine comme des ballets diplomatiques et des offensives militaires, s'attache précisément à dissiper. " Miracle palestinien ", " boom économique ", state-building en marche ? En partant de la bulle de Ramallah et des vertiges d'un " village global ", l'auteur déconstruit page à page l'illusion, sans porter pour autant de jugement définitif. Derrière le voile d'une " hallucination de normalité " (formule empruntée au collectif d'architectes Ramallah Syndrome), derrière les projets ambitieux du Premier ministre Salam Fayyad, derrière les néons d'une métropole en germe, Benjamin Barthe met en lumière la schizophrénie, le désenchantement, la dépolitisation d'une société prise entre la " matrice coloniale " et l'aide internationale. Le constat, amer et souvent grinçant, est appuyé sur une documentation sans faille : informations de première main glanées sur le terrain, en Cisjordanie ou à Gaza, documents diplomatiques, entretiens (du chauffeur de taxi au haut responsable politique, en passant par le colon de Psagot). Ni le régime palestinien (bureaucratie sans État), ni les rouages de l'occupation israélienne, ni les " internationaux " n'en sortent grandis ; mais le livre, s'il affiche sans ambages son parti-pris, ne tourne jamais au pamphlet. Plus qu'une dénonciation, il faut sans doute y voir un appel à replacer la dimension politique au coeur du conflit et de son éventuelle résolution, que l'auteur a le bon goût de laisser aux peuples eux-mêmes, sans préjuger de ce qui pourra émerger demain de cet étrange " rêve de Ramallah " observé avec une sympathie inquiète, entre amusement et colère.

2012-04-01 - Frédéric Sarter - Etudes

 

Cet ouvrage est le récit d'une triste réalité palestinienne où se croisent diplomates, hommes d'affaires et activistes dans l'illusion d'un État qui n'en est pas un. L'ouvrage, bien documenté et bien écrit, éclaire l'envers du décor de l'Autorité palestinienne comme de la ville de Ramallah, deux symboles d'une même coquille vide tenue en " vie artificielle " par la communauté internationale.

2012-10-08 - Elisabeth Marteu - Politique étrangère

 

Face à l'impasse du " processus de paix ", l'Autorité palestinienne, au lendemain de la seconde Intifida puis des élections de 2006 marquées par la victoire du Hamas, a engagé la Cisjordanie sur une voie nouvelle : celle du libéralisme économique et de la construction de l'Etat dont Ramallah, ersatz de capitale, est vite devenu le symbole. Ce volontarisme politique souhaitait aboutir en septembre 2011, avec la reconnaissance par les Nations unies de l'Etat palestinien. Cette option libérale avait été financée pour une large part par les donateurs internationaux et, dans une certaine mesure, encouragée par un occupant israélien rêvant de voir la prospérité effacer les revendications politiques. L'ouvrage du journaliste Benjamin Barthe met en lumière les limites de ce mécanisme économique et institutionnel, ainsi que son coût en termes d'inégalités et de dépolitisation. Fort de sa solide expérience du terrain, l'auteur offre une analyse nuancée de l'expérience menée à Ramallah. La déconnexion entre cette ville-bulle en forte croissance urbaine et économique et le reste de la Palestine, particulièrement Gaza, illustre bien les illusions d'une " paix économique " qui ferait l'" économie " de la justice, portant les germes de nouvelles frustrations.

2012-11-01 - Laurent Bonnefoy - Le Monde diplomatique

 

Vidéos

Table des matières

Introduction
1. Le village global
Une " hallucination de normalité "
La mini-métropole
La capitale d'un non-État
L'inconnue de la Terre sainte
La belle époque du Grand Hotel
Britanniques, Jordaniens, Israéliens : d'une occupation, l'autre
De l'utopie de la première Intifada au grand bain de réalisme d'Oslo
" Is Ramallah New York ? "
" Habib Store ", l'autre face du nouveau Ramallah
2. La matrice coloniale
Un territoire en peau de léopard
Une administration pas très civile
Un dédale de réglementations
La plus belle vue sur Ramallah
Un cow-boy russe en Cisjordanie
Les " champions du fait accompli "
" Pas parfaitement légal, mais complètement moral "
Le combat solitaire de Raja Shehadeh
Le retard de l'OLP
3. Des institutions dans l'impasse
" Nous sommes en train d'écrire l'Histoire "
Salam Fayyad et le " fayyadisme "
Des douaniers dotés d'un équipement ultra-sophistiqué...
... mais incapables de poser le pied sur une frontière
Des magistrats pourvus de tribunaux flambant neufs...
... mais dépourvus de code pénal et de prérogatives claires
La haute fonction publique à la peine
4. La main invisible des donateurs
Tragicomédie à Sciences-Po
PRDP : la potion néolibérale
" Tourists friendly check-points "
L'informatique au secours du Fatah
Au bonheur des contractors
Une élite globalisée
Normalisation sociale
Un processus de dépolitisation
Les calculs de l'Aspen Institute
Le crédit à la folie
5. Les mirages de la paix économique
La jungle de Dahriyya
Une économie de rentes
La Bourse de poche de Naplouse
Rawabi : un fantasme de classe " moyenne sup' "
Privatisation de la compétence publique
Quarante ans de développement à reculons
Les déboires des investisseurs
Le serpent de mer des zones industrielles
À secteur privé, sécurité privée
6. Gaza, l'impossible réunification
Vingt ans de blocus
La bataille de Karni
Terminus Rafah
Le refus de l'alternance
Le coup d'État raté de Condoleezza Rice
Le coup d'éclat raté de Mahmoud Abbas
Hamas, l'ennemi public numéro un
Les " nouveaux hommes " de Palestine
7. La parabole des tomates cerise
Les stoïciens de la rue Paul-Émile Botta
Un travail de sape délibéré ?
" Le droit international, c'est moi "
Le non-paper du Quai d'Orsay
Madame la représentante spéciale
Connaissez-vous Marc Otte ?
Le travail à temps partiel de Tony Blair
Pour en finir avec la " hamster diplomatie "
8. Regressus de paix
Un nouvel État de l'ONU ?
Saëb Erekat , le peace processor
Négociations à but lucratif
La plus grosse fuite de l'histoire du processus de paix
Le théâtre d'ombres d'Annapolis
Abbas-Olmert : le rendez-vous raté ?
Le protectorat israélien de Palestine
Un éventail d'options peu attractives
Conclusion.