Depuis plusieurs décennies, les bases informatiques ont pris une place considérable dans nos sociétés en permettant la structuration, le stockage, la circulation et la mise en relation des informations sous la forme de données. Aujourd’hui et de plus en plus, les individus et les organisations prennent constamment appui sur ces bases de données pour se coordonner depuis des mondes sociaux souvent hétérogènes. L’objectif de ce numéro est de permettre la compréhension et l’explication de ce phénomène mal connu, et ainsi de contribuer à l’émergence d’un savoir plus général dans ce domaine.
La mise en place des bases exige des tâches très particulières pour les individus et les organisations, qui ont des implications sur les contenus du travail, sur les identités professionnelles et sur les modes de collaboration. Elle s’accompagne de problèmes spécifiques de régulation qui interrogent nos sociétés contemporaines.
Après une analyse historique de l’émergence des bases de données aux États-Unis et une réflexion synthétique sur la sociologie des bases de données, les articles de ce dossier explorent différents domaines d’usage des bases de données : l’entreprise (la gestion de la mobilité interne), la presse en ligne (l’accès et la mobilisation des données ouvertes), la médecine (la gestion des dossiers médicaux), la recherche médicale (les maladies rares), la cartographie (l’élaboration des cartes open source de pistes cyclables).
Avec l'avènement de l'Internet et de la culture numérique, les "bases de données" ont conquis une place importante dans les sociétés occidentales. Dans des domaines aussi divers que la santé, l'environnement, la recherche ou le fonctionnement des institutions, des acteurs de différents horizons avec des intérêts parfois contradictoires, consultent ou alimentent ces tableaux en ligne qui, en permettant un stockage organisé des renseignements disponibles sur un même sujet, contribuent à produire de l'information. C'est à décrypter les tenants et aboutissants de cette évolution que s'attache dans son dernier numéro la revue Réseaux. il s'agit notamment, pour les coordinateurs du dossier, de montrer comment ces "bases de données" participent à renouveler les mobilisations collectives, et ne peuvent donc être abordées exclusivement au travers des risques qu'elles font parfois peser sur la vie privée.
2013-09-06 - L'Humanité
Présentation,par Patrice Flichy et Sylvain Parasie
Dossier : sociologie des bases de données
Ce que les bases de données font à la vie privée : l'émergence d'un problème public dans l'Amérique des années 1960, par Michel Atten
Rendre visible l'information. Une analyse sociotechnique du traitement des données, par Patrice Flichy
Une infrastructure élusive. Aménagements cyblables et troubles de la description dans OpenStreetMap, par Jérôme Denis et David Pontille
Des machines à scandale. Éléments pour une sociologie morale des bases de données, par Sylvain Parasie
Voir pour savoir : concevoir et partager des « vues » à travers une base de données biomédicales, par Éric Dagiral et Ashveen Peerbaye
Utiliser une base de données en organisation : la recherche de l'instrument, par Pascal Ughetto
Les médecins et le dossier de santé informatisé communiquant. Analyse d'une expérimentation du dossier médical personnel (DMP), par Alexandre Mathieu-Fritz et Laurence Esterle
Notes de lecture
« Raw Data » is An Oxymoron, de Lisa Gitelman (Ed.), MIT Press, Cambridge, par Samuel Goëta
La cause des "sans". Sans-papiers, sans-logis, sans-emploi à l'épreuve des médias, de Guillaume Garcia, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res Publica », Rennes, 2013, par Gäël Villeneuve
Web Social. Mutation de la communication de Florence Millerand, Serge Proulx et Julien Rueff, Presse de l'université de Québec, Montréal, par Camille Laroque-Berges
Résumés.