De
Star Wars à Lady Gaga, du Seigneur des anneaux à
Game of Thrones, tubes, blockbusters et best-sellers forment aujourd'hui les facettes d'une culture de masse omniprésente. Un philosophe analyse le phénomène : qu'est-ce que la " pop culture " ? Quels en sont les ressorts, mais aussi les implications existentielles ? Avant d'être un truc jeune et sexy, un graphisme quadrichromique simplifié à l'extrême ou un genre musical qui présente en quantité anormalement élevée des sons de synthétiseur, la pop est une stratégie, un calcul industriel alimenté par une seule obsession : savoir ce que veulent les masses. La pop culture est un ogre qui ingère tout ce qu'il trouve. Mais cette logique de réappropriation l'ouvre paradoxalement aux déclassés, aux freaks et aux minorités en tout genre. Pour l'auteur, ce qui s'y joue est d'abord l'invention de nouvelles identités. Il conduit sa réflexion à partir d'analyses fines de chansons, de films, de comics, de romans et de séries, multipliant les digressions érudites en réponse à des questions aussi essentielles que : jusqu'à quel point peut-on détester un ancien groupe indé devenu commercial ? Comment Harry Potter peut-il survivre à l'Avada Kedavra de Voldemort dans la Forêt interdite ? La catégorie de mythe fonctionne-t-elle pour la pop culture ? Par ailleurs, si Obi-Wan Kenobi est si malin, pourquoi laisse-t-il Luke Skywalker faire tout le boulot ?
2014-10-23 - Carole Boinet - Les Inrockuptibles
Si le commentaire des items pop est devenu un nouveau genre intellectuel, personne jusqu'ici en France ne s'était vraiment risqué à consacrer un ouvrage à une définition de ce qu'est, exactement, cette culture dite " pop ". Retard en partie réparé par le philosophe Richard Mèmeteau qui – de Warhol à Lost en passant par Susan Sontag et Lady GaGa – dit ici l'essentiel : si le pop est un processus ambivalent mixant marchandise et art, il n'en a pas moins une dimension " proprement politique " : " partager et apprendre à partager des croyances communes ". Mais, pour le défendre, Mèmeteau s'attarde sur des arguties geek sur le sens de Star Wars, jongle avec mille et une références des Cultural Studies pas toujours explicites, émaille son propos d'humour pop dandy qui le rendra difficile à suivre pour le béotien. Son essai n'en reste pas moins un coup d'éclat pionnier et très informé, qui annonce une plus grande finesse dans la compréhension de notre ère contaminée par l'entertainment.
2014-11-01 - Philippe Nassif - Philosophie Magazine