Le drame de l’amiante, la « souffrance au travail » et l’explosion des maladies professionnelles déclarées révèlent une crise de la protection médicale des salariés. Ce livre, fondé sur des sources inédites, en montre les racines historiques. Analysant la concurrence de l’exercice médical en entreprise avec les spécialités du « facteur humain », l’enquête révèle la récurrence, depuis les années 1940, des débats liés à l’actuelle réforme de la « santé au travail ». Ses carences, fruits de l’indifférence de l’État, d’une partie du corps médical et des partenaires sociaux, ses liens renouvelés avec l’eugénisme, pointent une limite du « modèle social » français.
Stéphane Buzzi, diplômé de Sciences-Po, agrégé d’histoire, prépare une thèse à l’EHESS (boursier DGA) sur l’optique entre sciences, armées et marchés (1750-1870).
Jean-Claude Devinck, après un livre remarqué sur La création de la médecine du travail en France (1914-1946), prépare sur ce même thème un doctorat à l’EHESS.
Paul-André Rosental, directeur d’études à l’EHESS, chercheur associé à l’INED, dirige le groupe de recherche ESOPP, consacré à l’histoire des populations, des politiques sociales et de la santé.
« Le livre retrace toute l'évolution de cette "sous-médecine", de 1880
à nos jours, et explique pourquoi les médecins du travail ne sont pas parvenus,
en France, à conquérir un rôle significatif dans la prévention et le dépistage
des maladies professionnelles. »
LIBÉRATION
« Parce qu'ils estiment qu'elle n'est surtout pas une marchandise, Stéphane
Buzzi, Jean-Claude Devinck et Paul-André Rosental se sont penchés sur la santé
au travail. De l'expression "médecine du travail" fin 1920 jusqu'à
l'explosion du drame de l'amiante dans la dernière décennie, les auteurs tentent
de cerner les manques et dérives qui affectent la protection médicale des
salariés. »
NOUVELLE VUE OUVRIÈRE
« Pour les auteurs, la situation actuelle résulte de problèmes récurrents
depuis une soixantaine d'années, mais qui ont tendance à être enfouis devant
l'exigence patronale d'assurer un rendement maximal du salarié pour une usure
minimale. Face à l'intensification et à la précarisation du travail
renforçant les modèles de rentabilité, le discours alternatif de protection
médicale des salariés a du mal à s'imposer. »
ENTREPRISES &
CARRIÈRES
« L'ambition de ce livre est de montrer que la situation actuelle de la
santé au travail résulte, pour l'essentiel, de problèmes qui sont récurrents
depuis une soixantaine d'années, et périodiquement "oubliés" par les acteurs
politiques et sociaux. »
NERVURE
« Le drame de l'amiante, la "souffrance au travail" et l'explosion des
maladies professionnelles déclarées révèlent une crise de la protection médicale
des salariés. Ce livre, fondé sur des sources inédites, en montre les racines
historiques. Analysant la concurrence de l'exercice médical en entreprise avec
les spécialités du "facteur humain", l'enquête révèle la récurrence, depuis les
années 1940, des débats liés àl'actuelle réforme de la "santé au travail".
»
LE JOURNAL DU SIDA
« Alors que la nocivité de l'amiante est soupçonnée dès 1906, elle n'est
interdite en France qu'en 1997 [...]. Un tel retard s'explique par les
spécificités de la médecine du travail en France [constituées depuis la fin du
XIX° siècle]. C'est cette histoire que retrace l'ouvrage des trois historiens,
au moyen de sources souvent inédites. Elle fait ressortir les difficultés
d'exercer cette médecine particulière, tiraillée depuis son origine entre des
intérêts divergents : les patrons y verraient volontiers un instrument de
gestion [...] ; les syndicats, en particulier la CGT, un outil de protection des
travailleurs. »
SCIENCES HUMAINES
0000-00-00 - PRESSE
Liste des sigles et abréviations - Introduction / Pourquoi la santé au travail est-elle en crise ? - I / Genèses de la médecine en milieu professionnel (1880-1919) - La naissance d’un problème (1880-1913) - La montée en puissance de l’« hygiène industrielle » - La laborieuse reconnaissance des maladies professionnelles - L’expérience de la Première Guerre mondiale - L’inspection médicale des usines d’armement - Théorie de la visite d’embauche et physiologie du travail - II / L’avènement de la médecine du travail (1919-1939) - Un après-guerre difficile (1919-1927) - L’évolution limitée de la législation - L’attitude du patronat : sécurité du travail et rationalisation -- Une médecine de sélection pour la main-d’uvre coloniale et immigrée - La naissance de la « médecine du travail » (1927-1936) - Joutes françaises et pressions internationales (1927-1929) - Le congrès de Lyon et ses suites (1929-1936) -La Société médicale des hygiénistes du travail et de l’industrie, club d’élite de la profession - Les mutations de l’avant-guerre (1936-1939) - L’évolution de la CGT : le rôle de Guy Hausser et du Front populaire - Le statut du médecin d’usine - L’évolution des syndicats médicaux et la situation de la médecine du travail en 1939 -III / L’officialisation de la médecine du travail, de la « drôle de guerre » à la Libération (1939-1946) - La recommandation du 9 juin 1940 - La doctrine de la médecine du travail sous Vichy - Nouveaux usages de la « doctrine » - L’Association nationale de médecine du travail, partenaire privilégié du régime - La fondation Carrel, institut de médecine sociale ? - Vichy et l’institution de la médecine du travail - La création de l’inspection médicale du travail (L. 31 octobre 1941) - L’officialisation de la médecine du travail (L. 28 juillet 1942) - Un réseau d’institutions : ambitions et contradictions d’une profusion organisationnelle - L’éclatement du CPMT et la défaite de la « doctrine » (janvier-mars 1944) - La Libération et l’élaboration de la loi du 11 octobre 1946 - IV / Médecine sociale, médecine d’usine (1946-1965) - Un plan d’ensemble au service de la santé des travailleurs (1946-1947) - Le désintérêt de l’État pour la médecine du travail (1947-1965) - Le contexte défavorable de la reconstruction - Le décret de 1952 et ses suites - Les usages gestionnaires de la médecine du travail - L’orientation biologique de la main-d’uvre est-elle rentable ? - Le malaise d’une médecine face au « rendement » - V / Le temps des critiques (1965-1979) - Une médecine du travail enfin reconnue (1965-1969) ? L’invention du tiers-temps - Les nouveaux médecins du travail : une génération « critique » - Le renforcement de l’institution : un nouveau cadre réglementaire, une rupture ? (1970-1979) - VI / La « santé au travail » : perspectives et ambiguïtés - Un tournant du siècle menaçant - Le spectre de l’amiante : les pathologies professionnelles, aussi mal prévenues que mal indemnisées ? - La récurrence des problèmes - Des progrès incertains face à l’évolution du monde du travail - Vers la santé au travail : exercice médical ou protection sociale ? - Chronologie - Repères bibliographiques.