La nouvelle école capitaliste

Ce qui ressemble aujourd'hui à un sabotage de l'école – suppressions de classes, réduction des effectifs enseignants et appauvrissement de la condition enseignante – ne suffit pas à caractériser la mutation historique de l'école. Celle-ci ne joue plus seulement une fonction dans le capitalisme, comme l'ont montré les analyses critiques des années 1970 : elle se plie de l'intérieur à la norme sociale du capitalisme. L'" employabilité " est le principe et l'objectif de la normalisation de l'école, de son organisation et de sa pédagogie. L'école devient peu à peu un système hiérarchisé d'entreprises productrices de " capital humain " au service de l'" économie de la connaissance ".
Elle cherche moins à transmettre une culture et des savoirs qui valent pour eux-mêmes qu'elle ne tente de fabriquer des individus aptes à s'incorporer dans la machine économique. Les effets inégalitaires de la concurrence, la mutilation culturelle introduite par la logique des " compétences " ou la prolétarisation croissante du monde enseignant révèlent la perte d'autonomie de l'école par rapport au nouveau capitalisme et aux luttes des classes sociales autour de l'enjeu scolaire.
Dans ce livre de combat et de théorie, les auteurs renouvellent la sociologie critique de l'éducation en inscrivant les mutations de l'institution scolaire et universitaire dans celles du capitalisme contemporain. Ils entendent ainsi donner à tous ceux qui se sentent concernés par cette problématique éminemment politique les outils d'analyse pour construire une alternative convaincante et résolue.


Version papier : 19.80 €
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Détails techniques
Collection : Sciences humaines
Parution : 25/08/2011
ISBN : 9782707169488
Nb de pages : 280
Dimensions : 135.0 * 220.0 cm

Extraits presse

La publication de La Nouvelle Ecole capitaliste devrait susciter, en cette période de rentrée, de fortes controverses tant le propos du ivre est important pour l'avenir de l'institution scolaire et universitaire, et la compréhension que nous pouvons en avoir. Quatre enseignants, chercheurs attachés à la Fédération syndicale unitaire, intellectuels engagés, s'appliquent en effet à démontrer comment la pénétration des normes néolibérales à l'école et à l'université conduit ces dernières à se soumettre au monde du travail dans sa version la plus capitaliste - là où les salariés adhérent aux lois du marché et à l'impératif de flexibilité. L'école doit donc former ceux ci à ce nouveau rôle social. Mais la pression de l'intérêt économique et financier est telle que ce ne sont pas seulement les institutions et leurs membres qui doivent se réformer, mais les savoirs eux-mêmes. [...] Le propos est radical, la démonstration convaincante.

2011-09-01 - Vincent Duclert - La Recherche

 

Ce n'est pas un énième livre sur l'école, un livre de "rentrée" de plus, que nous proposent ici quatre chercheurs membres de la Fédération syndicale unitaire (FSU). Francis Vergne, Pierre Clément, Guy Dreux et Christian Laval livrent une analyse fine de la mutation générale de l'institution scolaire vers ce qu'ils nomment "la nouvelle école capitaliste". [...] Une analyse percutante, une réponse conceptuelle et concrète aux interrogations des enseignants, qui chaque jour font l'expérience de cette métamorphose. Un livre utile pour tous les partisans d'une "insurrection des savoirs assujettis".

2011-09-01 - Sophie Courval - Regards

 

Avec La reproduction de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (1970), L'Ecole capitaliste en France de Christian Baudelot et Roger Estabelet (1971) a longtemps dominé la sociologie critique de l'éducation. En montrant comment les enseignants participaient malgré eux au fonctionnement d'un système de classe en dispersant leurs savoirs, les auteurs ont révélé "la ruse de la raison scolaire" qui entretient l'illusion de l'autonomie de l'institution. Quarante ans plus tard, le système d'enseignement obéit à ce modèle originel en pire: nous sommes mêmes entrés dans un nouvel âge de l'école, celle que quatre chercheurs, Christian Laval, Francis Vergne, Pierre Clément et Guy Dreux, appellent "la nouvelle école capitaliste".

2011-09-07 - Jean-Marie Durand - Les Inrockuptibles

 

L'ouvrage offre un bilan bien informé et minutieux des mesures qui ont progressivement change les contours de l'école. On peut donc le lire comme une sorte de vade-mecum, clair et documenté, du néolibéralisme contemporain.

2011-09-09 - Luc Boltanski - Le Monde

 

D'après les auteurs, membre de l'Institut de recherche de la FSU, au-delà de la tentative de sabotage de l'école, on assise aujourd'hui à son envahissement par la norme sociale du capitalisme. Il n'est plus question de transmission de culture et de savoirs mais de fabriquer de individus aptes à s'incorporer dans la machine économique.

2011-09-09 - L'Humanite

 

Si l'on admet que l'État est aujourd'hui " l'agent direct du basculement de la connaissance vers le modèle du marché ", en introduisant dans le système scolaire la concurrence, le souci de l'acquisition de compétences toujours au moindre coût et l'adaptabilité et l'employabilité comme seuls objectifs, alors il faut envisager de " construire une école pour une société débarrassée du capitalisme ". Tel est l'objet de cet ouvrage conçu par des chercheurs du syndicat FSU. Ce " sabotage " de l'école publique est en " cohérence " avec " les attaques contre les services publics et les métiers du lien ". À celui qui s'étonnerait de la " passivité d'une partie non négligeable des ensei- gnants, des étudiants et des parents ", il sera répondu que " l'un des objectifs des "néo-conservateurs' est la marginalisation ou la domestication des syndicats et l'éradication de toute possibilité de lutte collective efficace. " Pourtant, c'est toute la philosophie de l'enseignement qui est remise en question : " la finalité émancipatrice des savoirs, fondement idéal de l'école républicaine, est remplacée par la très prosaïque vente de soi sur le marché du travail. La violence symbolique d'une telle substitution commence à faire des ravages et engendre des résistances d'un genre nouveau. " Ainsi verronsnous " une extension de la lutte des classes " s'étendre aux professions " prolétarisées " que sont les métiers touchant " aux activités intellectuelles et relationnelles, la recherche, l'éducation et la santé particulièrement ".

2012-04-01 - Daniel Casadebaig - Etudes

 

Table des matières

Introduction. Le nouvel âge de l'école
1/ Les " réformes " néolibérales
2/ La forme valeur de la connaissance
3/ Intentions
Chapitre 1. Recomposition de l'État et métamorphose de la connaissance
1/ Le principe de concurrence comme norme globale
2/ La dénationalisation des politiques
3/ Le New Public Management
4/ Le management à l'assaut du monde des professionnels
5/ Le modèle managérial dans l'enseignement français
6/ La rationalité néolibérale et " l'excellence " dans la recherche
Chapitre 2. Le régime néolibéral de la connaissance
1/ Le régime fordiste de la connaissance
2/ Connaissance et propriété privée
3/ La connaissance comme capital immatériel
4/ La technoscience néolibérale
Chapitre 3. Employabilité et fabrique de la subjectivité néolibérale
1/ Les nouveaux dispositifs de contrôle du travail
2/ La mobilisation de la force de travail
3/ De la formation professionnelle à la professionnalisation des formations
4/ L'entreprise de formation
5/ L'alternance comme modèle de formation
6/ " Sois stage et tais-toi "
7/ Subjectivité précaire et scolarisation
Chapitre 4. Concurrence scolaire et reproduction sociale
1/ Une école de masse à plusieurs vitesses
2/ Le marché très spécial de l'école
3/ Les motifs des choix
4/ La massification ségrégative
5/ Le choix et la reproduction sociale
6/ La gestion sociale des " exclus de l'intérieur "
7/ Reproduction et ségrégation
Chapitre 5. Capital et éducation
1/ La privatisation progressive de la dépense éducative
2/ Concurrence et privatisation du financement
3/ Le marché du soutien scolaire
4/ Le discours du capital humain
5/ Le consensus en faveur de l'augmentation des droits d'inscription
6/ L'essor de l'esprit du capitalisme dans l'école
7/ La grande revanche du capital économique
Chapitre 6. L'orientation comme gouvernement des conduites
1/ La redéfinition de l'orientation
2/ Le rôle nouveau de l'orientation
3/ L'individualisme érigé en méthode
4/ La nouvelle fonction des procédures d'orientation et d'affectation
5/ À la découverte des métiers et des formations
6/ Orientation active et projet professionnel
7/ Décrochage et contrôle continu des comportements
8/ Le nouveau gouvernement des élèves
Chapitre 7 La nouvelle norme de l'école : compétences et employabilité
1/ Mettre en adéquation la formation et l'emploi
2/ La révolution copernicienne de l'OCDE
3/ Entre l'OCDE et la France : l'Union européenne
4/ L'école française à l'heure des compétences
5/ Programmes et pilotage du système éducatif
6/ Le contexte politique et syndical du quiproquo
7/ Dépolitisation de la question scolaire
8/ Le recours à l'international
9/ Socle commun des compétences : la vertu de la polysémie
10/ Un principe d'organisation de la scolarité
11/ Le socle commun comme instrument de contrôle
12/ Les compétences au centre du conflit
Conclusion. Le nouvel horizon des luttes scolaires et universitaires
1/ Une décennie de combats
2/ Un contexte moins favorable aux illusions du " marché efficient "
3/ La nouvelle école capitaliste n'est pas " efficace "
4/ Une négation de la formation intellectuelle
5/ Une extension de la lutte de classes