La diplomatie de connivence
Les dérives oligarchiques du système international

Depuis la chute du Mur de Berlin, le système international est devenu une sorte d'énigme, que les spécialistes peinent à décrypter et qualifier. Vit-on désormais dans un monde " post-bipolaire " - selon une catégorie héritée du passé -, " unipolaire " - ce que dément l'impuissance américaine - ou " multipolaire " - alors que les puissances moyennes démontrent une faible attractivité ?
Derrière ce flou terminologique se dissimule une continuité profonde : la prétention des plus " grands ", formalisée à partir de 1815 à travers une " diplomatie de concert ", à se partager le pilotage du monde. On retrouve aujourd'hui cet entêtement oligarchique dans les nouveaux " directoires du monde " que seraient le G8 puis le G20, qui renouvellent pourtant les blocages.
S'autolégitimant autour de notions telles que l'" Occident " et la " démocratie ", la " diplomatie de connivence " - telle que Bertrand Badie la qualifie - conduit à des conflits (Afghanistan, Irak) qui ensuite lui échappent. Figée dans un fonctionnement d'exclusion, elle suscite la contestation d'États (Iran, Venezuela), d'opinions publiques et d'acteurs - parfois armés - frustrés d'être écartés de la prise de décision. Limitées dans ses performances et protectrice de ses privilèges, elle met en scène la volonté de résoudre de grandes crises, comme celles affectant l'économie mondiale, sans parvenir à des réformes concrètes.
Phénix médiocre qui renaît toujours de ses cendres, la " diplomatie de connivence " est examinée ici dans son histoire, ses fonctions, et ses échecs. Bonne manière d'explorer aussi la notion obscure de " système international ".


Version papier : 19.30 €
Version numérique : 12.99 €
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Détails techniques
Collection : Cahiers libres
Parution : 05/05/2011
ISBN : 9782707165824
Nb de pages : 276
Dimensions : 135.0 * 220.0 cm
ISBN numérique : 9782707169228

Extraits presse

Bertrand Badie signe ici en théoricien des relations internationales son ouvrage le plus abouti sur l'évolution du système mondial depuis la fin de la guerre froide, sans perdre de vue le fil rouge qui le gouverne : l'existence d'un club oligarchique.

2011-04-27 - Gaïdz Minassian - Le Monde

 

La crise a révélé un autre monde. Les anciennes rivalités ont disparu et les prétentions à l'unilatéralisme sont plus difficiles à assouvir. Mais comment définir ce nouvel ordre mondial qui émerge, ce " système international sans nom ", qui n'est ni un monde unipolaire, ni un monde multipolaire. Dans un ouvrage érudit, Bertrand Badie, théoricien reconnu des relations internationales, tente (avec succès) de répondre à cette question essentielle et de décrypter les nouveaux paradigmes de la diplomatie depuis la chute du mur de Berlin. Pour l'auteur, le système international " à l'ancienne " n'a pas disparu. Au contraire, il se manifeste toujours au travers d'une " diplomatie de connivence " réservée à un club restreint de puissants qui revendique le droit de piloter le monde pour le bien-être de l'humanité. De la Sainte-Alliance au G20, cette oligarchie diplomatique a toujours su renaître de ses cendres, prête au consensus discret sauf lorsque les intérêts nationaux sont (ou semblent) menacés. Le professeur de Sciences po décrit ainsi la mécanique de ce directoire du monde, ses rouages, ses codes, ses fausses concertations, le poids des rapports de force, la mesure de la puissance. Bref, le club VIP est toujours à l'oeuvre mais certains de ses membres sont en passe d'en être exclus au profit de nouveaux riches.

2011-04-29 - La Tribune

 

Dans son dernier ouvrage, Bertrand Badie s'attaque à deux questions centrales des relations internationales actuelles : la nature du système " post-bipolaire " et le fonctionnement de ces étranges combinaisons multilatérales à la carte qui fleurissent sous les acronymes " G " les plus divers, G2, G8, G20, G177... En suivant le fil des systèmes internationaux successifs depuis le " Concert des nations " ouvert au Congrès de Vienne de 1815, il tente d'en dégager les principales caractéristiques à la lumière de quatre critères : leur degré d'inclusion, leur niveau de délibération, les liens et les alliances qui s'y constituent pour en dessiner les clivages, enfin le type de puissance et de domination qui s'y exerce. Le système actuel est ainsi " apolaire ", marqué par une diplomatie de club fondée sur une connivence frileuse et défensive, aux lacunes nombreuses, plutôt que sur une réelle gouvernance en quête d'efficacité. Cette configuration, souligne Bernard Badie, manque à la fois de discipline interne depuis la fin de la bipolarité, d'institutionnalisation et de mécanismes de coopération. S'efforçant de freiner l'ascension des grands pays émergents pour préserver les dominants traditionnels, se confondant parfois avec l'Occident au risque d'accélérer la diplomatie de contestation dans les pays en développement, cette diplomatie de club est présentée ici comme une pathologie de la scène mondiale, héritée du Concert des nations d'un XIXe siècle dans lequel l'auteur puise de nombreuses leçons.

2011-06-01 - Frédéric Charillon - Alternatives internationales

 

Le système international est "une sorte de mystère depuis 1989", prévient d'emblée Bertrand Badie. Un mystère qu'il s'attache à éclaircir. Neuf types ses sont succédés depuis 1815, analyse l'auteur qui les passe au crible de quatre variables: leur degré d'inclusion, leur capacité délibérative, leurs systèmes d'alliance et le type de puissance qui les structure. Pour ce professeur à Sciences Po, dans le monde "apolaire" d'aujourd'hui, "le marché libre de la puissance remplace l'idée de "pôle" par celle "d'atout". Les "Occidentaux" entretiennent leur connivence au service de desseins oligarchiques. Et, dans un contexte global de recul de la puissance militaire, les émergents sont des arbitres. Incontournables et parfois contestataires. Un ouvrage passionnant.

2011-06-01 - Regards

 

"Entre membres du club, on a tendance à se pardonner presque tout, pour ne rien pardonner à ceux qui lui sont extérieurs", tel est en substance le concept de la diplomatie de connivence remis au goût du jour par le politologue français Bertrand Badie qui publie un ouvrage éponyme.

2011-07-01 - Georges Sassine - Afrique Asie

 

Spécialiste des relations internationales qu'il analyse régulièrement dans les pages " Forum " de La Croix , Bertrand Badie dresse avec pédagogie, dans ce dernier ouvrage, une typologie des systèmes internationaux qui ont dominé le monde, depuis le fameux " concert des nations " du congrès de Vienne en 1815, jusqu'au système devenu " apolaire " d'aujourd'hui. Selon lui, le très populaire terme de " gouvernance " cacherait en vérité une " diplomatie de club " , fondée sur une " connivence frileuse et défensive " des pays développés et industrialisés de longue date. L'enseignant de Sciences-Po Paris estime que les clubs de riches tels que le G20 ou le G8, en s'efforçant d'écarter les autres pays émergents et les pays en voie de développement, risquent de favoriser chez eux une diplomatie de contestation. [Le système international actuel, affirme Bertrand Badie, est obsolète : les pays les plus puissants depuis le XIXe siècle ne peuvent plus dicter seuls la marche du monde. En essayant désespérément de garder leur mainmise, pour quelques années encore, sur le système international et en bloquant toute innovation, ils mettraient en péril l'ordre international futur. En dénonçant la " diplomatie de connivence ", l'auteur souhaite faire sauter quelques œillères, des réflexes mentaux qui nous empêchent de voir le monde tel qu'il est véritablement.

2011-08-10 - Eléonore Gantois - La Croix

 

En passant du G8 au G20, les grands de ce monde ont esquissé un rééquilibrage du jeu politique mondial. Ont-ils pour autant amorcé la réforme du système international ? L'essai de Bertrand Badie donne une réponse résolument négative à cette question. Car pour le spécialiste des relations internationales, malgré les velléités d'élargissement de la diplomatie de club incarnée par le G8 (regroupement des six premières puissances occidentales, plus le Japon et la Russie), le système international continue d'obéir à une logique oligarchique qui voit une poignée de pays riches s'arroger le droit de régir les affaires de la planète.

2011-10-01 - Xavier de la Vega - Sciences Humaines

 

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lundi 16 mai 2011



 

Table des matières

Introduction
I / Vers un monde apolaire
1. Concerts et fausses notes (jusqu'en 1945)
Rapprochement des peuples ou des princes ?
Alliance ou connivence ?
Ordre ou valeurs ?
État libéral ou " État libérateur " ?
Ingérence ou conquête ?
2. Une polarisation précaire (1947-1989)
Puissance, mais quelle puissance ?
Un faible pouvoir d'inclusion
Une petite musique qui persiste
3. L'apparition d'un " système sans nom " (1989-)
L'illusion unipolaire Le retour des concerts
Pour lever l'anonymat du système
Pour tenter une typologie
II / Les nouveaux aristocrates
4. Des " causeries au coin du feu "...
Renaissance occidentale
Faux élargissement
5. La " noblesse " occidentale
De l'aristocratie en relations internationales
Comment l'aristocratie se pense démocratique
Comment la démocratie se pense occidentale
6. L'impératif de gouvernance
Un mode de décision très classique
L'effet de sélection
Une efficacité peu probante
III / La revanche de la mondialisation
7. Concert de contestations
La voix critique des États
L'implication de la société civile
8. L'arbitrage des émergents
Course à l'intégration
Les délices de la contestation
9. Un système international anomique
En forgeant l'anomie
Des conflits sans régulation
Crispations identitaires et tentations souverainistes
Conclusion
Bibliographie.