La crise de la finance globalisée a été lourde de conséquences pour les États des pays développés. Afin d'éviter un effondrement de l'activité, ils ont accepté, à la fin des années 2000, de laisser leurs déficits budgétaires se creuser. Ce faisant, ils ont aussi jeté les germes d'une autre crise, celle des dettes souveraines.
Avec un endettement souvent important et des perspectives de croissance à long terme faibles, ces États doivent à présent enrayer la hausse du poids de leur dette s'ils ne veulent pas que leur solvabilité soit mise en doute. Mais ils ne peuvent le faire rapidement sans freiner dangereusement l'activité. Face à ce dilemme, le Japon et les États-Unis ont choisi de privilégier le retour à la croissance, les États de la zone euro le retour à l'équilibre budgétaire. Quels sont les risques pris par chacun, mais aussi ses marges de manœuvre ?
À ces interrogations s'en ajoute une autre : les dettes de ces États jouent un rôle central dans le système monétaire et financier international. Si, demain, elles perdent leur statut d'" actif sans risque ", comment le fonctionnement de ce système sera-t-il affecté ? La crise des dettes souveraines n'a pas fini de faire parler d'elle...
Voilà plus de trois ans que le sujet –; la crise des dettes souveraines –; est d'actualité. Ses auteurs, Anton Brender, Florence Pisani et Emile Gagna, trois éminents économistes de Paris-Dauphine, y expliquent comment les Etats-Unis, le Japon, mais aussi les pays européens, sont arrivés dans cet état d'endettement abyssal, et décryptent les stratégies mises en place par les uns ou les autres pour sortir de l'ornière. Si le lecteur peut faire l'impasse sur certaines formules mathématiques réservées aux initiés, il apprendra beaucoup sur cet enjeu clé du moment.
2012-06-12 - Le Parisien
Dans un style sobre, parfois un peu technique, ce petit livre déboulonne trois idées reçues sur la crise actuelle. Première idée : le gonflement des dettes publiques serait dû au laxisme budgétaire des Etats. Faux, répondent les auteurs, modèles économétriques à l'appui : elles découlent principalement de la chute d'activité qui a suivi la crise financière de 2008. Sans creusement des déficits budgétaires, cet effondrement aurait d'ailleurs été encore bien pire. Deuxième idée : le problème des dettes publiques est surtout un problème européen. Encore faux : les Etats-Unis et le Japon font face au même dilemme que l'Europe. Ils naviguent eux aussi entre le double écueil d'une perte de solvabilité s'ils tardent trop à assainir leurs comptes publics et une stagnation économique prolongée s'ils le font trop vite. A cet égard, chacun poursuit une stratégie différente, l'austérité à marche forcée que s'impose la zone euro n'étant manifestement pas la meilleure. Enfin, troisième idée : la crise des dettes publiques est la dernière phase de la crise. Malheureusement, encore faux : les titres publics des Etats développés avaient jusqu'à présent la qualité d'actif sans risque. La perte de ce statut - on l'observe déjà en Europe - peut déstabiliser le bilan des banques et les capacités de crédit de ces dernières. Au-delà, elle fait aussi peser une lourde menace pour la stabilité des changes dès lors que la crédibilité de la stratégie budgétaire d'un pays ou d'une zone à monnaie de réserve peut être mise en doute. Instructif.
2012-07-01 - Sandra Moatti - Alternatives Economiques
L'excellente collection " Repères " des éditions La Découverte fournit un nouveau livre clair et bien charpenté. En considérant les situations du Japon, des États-Unis et de l'Europe, les auteurs montrent les enjeux et les dangers des politiques spécifiques de ces trois ensembles : danger pour l'Europe de tuer la croissance par un retour trop brutal à l'équilibre budgétaire, danger pour les États-Unis d'un effondrement budgétaire provoqué par une poursuite effrénée de la croissance économique, danger pour le Japon de dépenses sociales entraînées par le vieillissement avancé de sa population. Un petit espoir se cache dans une revalorisation progressive des devises des pays émergents. Ce qui suppose des ajustements internationaux d'autant plus difficiles à négocier que, la crise aidant, chacun cède à la tentation d'un repli frileux sur ses frontières économiques passées.
2012-10-01 - Julio Schumacher - Etudes