L'engagement des " intellectuels " est sans doute l'un des objets les plus étudiés en histoire et en sociologie, au point d'apparaître parfois comme un thème éculé. Et pourtant, rares sont les recherches qui abordent l'engagement des intellectuels en temps de guerre et, plus rares encore, celles qui s'intéressent à ceux qui se sont engagés dans la résistance armée. Pourquoi deux philosophes, normaliens, contemporains de Jean-Paul Sartre, de Maurice Merleau-Ponty et d'Emmanuel Mounier, choisirent-ils de résister par les armes jusqu'à le payer de leur vie ? En s'efforçant de répondre à cette question, Fabienne Federini analyse un type d'engagement fort différent de la " résistance de plume " à laquelle on s'intéresse généralement. En effet, Jean Cavaillès (1903-1944) et Jean Gosset (1912-1944) ne sont pas des " intellectuels " qui ont exposé uniquement par écrit ce à quoi ils croient, laissant à d'autres le soin de prendre des risques. Ce sont des philosophes qui, en devenant des " terroristes ", se sont exposés physiquement pour faire triompher leurs convictions. Si la nature de l'engagement résistant de Jean Cavaillès et de Jean Gosset interroge la représentation dominante que l'on a de l'engagement des " intellectuels " tel qu'il se comprend depuis l'affaire Dreyfus, sa spécificité ne le rend pas pour autant rétif à toute démarche sociologique. Parce que le combat résistant n'est pas uniquement une affaire de choix individuels, mais de logiques sociales, cette étude montre combien ces deux intellectuels sont socialement exemplaires de toute une génération de normaliens et de ceux que les historiens appellent les " pionniers de la résistance ".
Fabienne Federini est sociologue, actuellement chargée de recherche du CNRS détachée au Groupe de recherche sur la socialisation. Elle est l'auteure de La France d'outre-mer, critique d'une volonté française (L'Harmattan, 1996) et de L'abolition de l'esclavage de 1848, une lecture de Victor Schoelcher (L'Harmattan, 1998).
" L'intellectuel a mille façons de "s'engager". De Sartres à Bertrand Russell, de Zola à Bourdieu, il est possible, en prenant l'engagement pour critère, de dresser des "typologies" des intellectuels. Est analysé ici le cas de ceux qui ont pris les armes dans le combat de résistance : avant tout Jean Cavaillès (1903-1944) et Jean Gosset (1912-1944). L'auteur tente d'appréhender sociologiquement -en dégageant donc des logiques sociales- un "acte" qui paraît ne relever que du choix individuel. "
LIBÉRATION
" "Comment parler d'un engagement où l'intellectuel s'expose physiquement pour faire triompher ce à quoi il croit, quand l'engagement que l'on évoque habituellement est plutôt celui où l'intellectuel expose intellectuellement ce à quoi il croit ? " Ce questionnement est à la source du livre abouti que la sociologue Fabienne Federini consacre à ces deux Compagnons de la Libération hors normes. Elle met en lumière les logiques sociales à l'œuvre dans leur engagement sans dénier à leur geste sa valeur héroïque. Elle exauce ainsi le vœu de Georges Canguilhem : "On devrait se préoccuper davantage qu'on ne le fait de la façon dont meurent les universitaires, quand il leur arrive de ne pas mourir de maladie ou de vieillesse." "
LE MONDE
" Dans ce livre remarquable, la sociologue Fabienne Federini retrace dans les termes de sa discipline la carrière de ces deux philosophes poseurs de bombes. [...] Un livre important, tant du point de vue de sa lecture nouvelle de la Résistance que de son approche sociologique qui s'inscrit dans un prolongement critique de l'œuvre de Pierre Bourdieu. "
L'HUMANITÉ
" Jean Cavaillès et Jean Gosset, philosophes et normaliens, ont résisté par les armes jusqu'à le payer de leur vie. En étudiant la nature de cet engagement, l'auteur montre ici, et c'est l'originalité de sonlivre, combien le combat résistant n'est pas uniquement une affaire de choix individuel mais de logiques sociales profondes. Un regard très nouveau, qui remet à sa place la représentation dominante que l'on a de l'engagement des "intellectuels" tel qu'il se comprend depuis l'affaire Dreyfus. "
LE JOURNAL DU CNRS
" Pourquoi deux philosophes normaliens, Jean Cavaillès et Jean Gosset, choisirent-ils de résister par les armes jusqu'à le payer de leur vie ? En s'efforçant de répondre à cette question, Fabienne Federini analyse un type d'engagement fort différent de la résistance de la plume à laquelle on s'intéresse généralement. "
LES CHEMINS DE LA MÉMOIRE
" On lira avec profit les pages qui concernent l'engagement de Jean Cavaillès dans la revue protestanteFoi et Vie et de Jean Dossetdans la revue Esprit. Et même si certains partis pris peuvent être discutés, on apprendra beaucoup. "
ÉTUDES
" Ce livre apporte incontestablement une observation neuve de la Résistance dans la lignée des travaux de sociologie lancés par un nombre de chercheurs inspirés par les méthodes de Pierre Bourdieu. C'est un ouvrage qui comptera pour les chercheurs qui se lanceront dans l'histoire toujours périlleuse de la Résistance. Des annexes sommaires et méthodologiques complètent l'ouvrage ainsi qu'un classement des sources et une bibliographie utile. "
PARUTIONS.COM
2023-06-07 - PRESSE
Introduction - 1. La singularité de deux engagements - Un engagement militaire - La création d'un réseau de renseignements (avril 1942 - fin février/début mars 1943) - L'organisation militaire de Libération-Nord en vue de la constitution de l'Armée secrète (fin février-début mars - juin/juillet 1943) - Le Réseau " Action " (avril 1943 - avril 1944) - Ce que résister signifie - Agir dans des escpaces différents - Diriger un réseau de résistance - Assurer la sécuirté des membres du réseau après des arrestations - De la double vie à la clandesitinité - Un engagement parallèle - Un engagement multiforme - 2. Engagement résistant, socialisation politique et expérience militante - Contexte familial et temps historique - Nature et conditions familiales de la transmission - Temps historique et sociabilisation politique - Contexte scolaire et expérience militante - L'école normale supérieure, un lieu d'intégration sociale - Des " intellectuels " socialement représentatifs - Un engagement entre les deux guerres socialement conforme - 3. Les prémices d'un engagement résistant - Une contextualisation nécessaire - Modalités de l'engagement des " intellectuels " et contexte historique - 1934-1939 : de la lutte antifasciste à la division des antifascistes - Se retirer à temps de l'espace public : Jean Cavaillès de 1934 à 1938 - 1934 : la fin de la " jeunesse " de Jean Cavaillès - 1938 : Jean Cavaillès renoue avec le militantisme - Se détacher : Jean Gosset et la revue Esprit de 1936 à 1939 - " Le " philosophe d'Emmanuel Mounier - L'un des collaborateurs les plus " libres " à l'égard d'Emmanuel Mounier - Pour une action de nature politique - 4. Devenir résistant - Entre en dissicence - Le poids du contexte politique - La restructuration du champ éditorial - La condition sociale de l'écrivain - De la dissidence (individuelle) à larésistance (collective) - Passer d'un monde (légal) à un autre (clandestin) - Révinventer un monde dans un autre - 5. Une génération de résistants - Les caractérisitiques sociales des pionniers - Des agents bien insérés socialement - Des individus en ascension sociale - Des acteurs à la marge ? - Les affinités politiques des pionniers - Une réelle socialisation politique acquise au sein de la famille - L'expérience militante des pionniers durant les années 1920-1930 - La " toile " de la première Résistance - Conclusion - Annexes : Méthodologie pour la construction d'une prosopographie des pionniers - Recueillir les données biographiques - Recenser les pionniers - Liste des pionniers retenus - Sources - Index.