Donner et prendre
La coopération en entreprise

Norbert Alter

Ce livre aborde la principale énigme du monde du travail : la coopération. Elle est nécessaire au bon fonctionnement des entreprises, mais ne repose que sur la volonté de donner : on donne aux autres parce que donner permet d’échanger et donc d’exister en entreprise.
Coopérer suppose en effet de créer des liens sociaux, par l’intermédiaire desquels circulent des biens, des informations, des services, des symboles, des rites ou des émotions, comme circulaient les dons dans les sociétés « primitives ». Mais ces échanges ne peuvent être réduits à une série de comportements altruistes et pacifiques : donner représente également le moyen d’obliger, d’obtenir, de trahir ou de prendre. Et ce « commerce » se réalise au nom d’un tiers, qu’il se nomme métier, mission, projet, réseau ou entreprise. Loin de reconnaître ces générosités, celui-ci dénie l’existence du don et privilégie les modes de gestion « modernes », qui préfèrent que salariés et employeurs soient quittes plutôt que mutuellement endettés.
Norbert Alter met ainsi en évidence un phénomène paradoxal, qui prend à rebours les discours du management ordinaire : le problème des organisations ne consiste pas à « mobiliser les salariés », mais à tirer parti de leur volonté de donner.

Version papier : 10,50 €
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Détails techniques
Collection : La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales n°339
Parution : 06/01/2011
ISBN : 9782707167200
Nb de pages : 234
Dimensions : 12,50 * 19 cm
Façonnage : Broché

Norbert Alter

Norbert Alter est professeur à l’université Paris-Dauphine. Spécialiste de la sociologie du monde du travail, il est l’auteur de nombreux livres, dont L’Innovation ordinaire (PUF, 2000). Il a travaillé durant douze ans dans une grande entreprise avant de rejoindre l’université.

Extraits presse

« Norbert Alter, le sociologue du travail, se livre à une critique sans concession du management moderne. Il estime que "le lien social se trouve entamé par les pratiques de rationalisation des entreprises". Pour compenser ou corriger ce travers se sont multipliés les fêtes ou les clowns d'entreprise, qui tiennent plus du placebo. Pour Norbert Alter, la priorité des priorités est de favoriser les échanges sociaux à l'intérieur des entreprises. Il développe la notion de "socialisation des émotions", fort utile pour comprendre les nouvelles formes de conflits que nous vivons aujourd'hui. »
LIAISONS SOCIALES

« Non, l'entreprise ne se résume pas à des échanges froids, mus par le calcul rationnel et la confrontation des intérêts égoïstes de ses membres. Du moins pas seulement, comme le met en évidence le sociologue Norbert Alter. Une autre logique est à l'oeuvre: la coopération. Celle-ci a pour carburant la bonne volonté et se décline à travers le triptyque " donner, recevoir, rendre". Il n'est pas question dans cet essai, du secteur de l'économie sociale et solidaire, mais du monde de l'entreprise dans tout ce qu'il a de plus banal. Bien que capitaliste, il ne peut pas se passer de cette "ingéniosité collective" qui prend corps dans le don, qui permet de créer du lien social et du sens. Norbert Alter inscrit sa démonstration dans la droite lignée de Marcel Mauss: son livre synthétise les connaissances sociologiques sur le sujet et les enrichit de nombreux témoignages de salariés. »
ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES

« Norbet Alter mobilise dans ce nouveau livre la théorie du don de Marcel Mauss pour rendre compte de la manière dont se développent les échanges sociaux, en se centrant, cette fois, sur l'entreprise. »
CADRES

« Et si les rapports entre les salariés et l'entreprise reposaient sur un malentendu ? Alors que les premiers souhaitent donner (du temps, de la créativité, des avis...), la seconde est incapable de saisir cette chance, se privant ainsi d'une ressource précieuse. Norbert Alter invite à considérer la valeur du don dans l'entreprise. »
MANAGEMENT

« Primé par l'ANDRH, qui lui a décerné son stylo d'or, cet ouvrage rédigé par le sociologue Norbert Alter souligne combien les mécanismes de coopération, indispensables au bon fonctionnement des entreprises, reposent sur le besoin ancestral qu'ont les communautés humaines de donner ou de prendre. Paradoxe : pour mieux fonctionner, l'entreprise, par des modes de management « moderne » qui privilégient l'objectivité, s'échine à nier l'existence même de tels réflexes. Mais elle ne saurait, ainsi, obtenir le meilleur de ses équipes, selon l'auteur. Un regard neuf. Brillant. »
LES ÉCHOS

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Table des matières

Préface inédite de l'auteur
Introduction
1. Coopérer, c’est donner
Coordination et coopération
La face cachée de la coopération
Coopération et sciences humaines
La kula : un modèle d’analyse de l’échange social
Donner
Un acte volontaire, non obligatoire - Une finalité non directement économique - Le principe de dépense : la consumation
Recevoir
La dramatisation du geste - La manifestation de l’émotion
Rendre
La gratitude - Complicité, empathie et sympathie - La place de l’amitié
Coopération et échange social
2. Donner, dominer et trahir
L’ambiguïté du don
Inégalités et capital social
Coopération et concurrence
Concurrence et conflit - Le jeu sur l’affectif
La trahison
Confiance et coopération - Trahison et coopération
Puissance et simulacres
Le goût du pouvoir - Être puissant et faire le généreux - Les raisons de donner et de prendre
3. Mouvement et dynamique des échanges
Mouvement et mobilité du capital social
Du changement au mouvement - L’érosion des capitaux sociaux
Arrangements, travail invisible et irritation
Organisation et arrangement - « Je n’ai plus le temps de travailler » - Travail invisible et irritation
La conditionnalité des échanges
La valeur du geste
L’absence de délai
L’émotion qui naît de l’échange
Coopération et infidélité
« Bonnes relations » et infidélité
L’ambivalence des normes
4. Donner pour éprouver le sentiment d’exister
Une réciprocité « généralisée »
Le plaisir de donner
Le « sentiment d’exister »
La place des émotions collectives
Mouvement et émotions - Le principe du partage des émotions - Le partage des émotions à France Télécom
Sentiment d’exister et collectif de travail
La coopération comme phénomène social total
Les principes de l’échange - Ce qui circule : les éléments de la sociabilité professionnelle
5. L’interdiction de donner
Donner à l’entreprise
La soustraction de ressources au profit de l’entreprise - Le don de l’engagement - Une communication ritualisée
La logique du sacrifice
Management par l’aval et management par l’amont
L’interdiction de donner
Du territoire à l’espace productif - De la kula au gimwali - Du « geste » au compte - Économiser le temps et équilibrer l’échange
Tolérer le don
Le principe d’endettement mutuel - La valeur économique importe moins que la valeur du geste - La réciprocité suppose la gratitude - Le don suppose d’être transmis volontairement
Le refus de recevoir
Un sacrifice sans rituel - Festoyer sans consumer
6. Ingratitude et engagement raisonné
Juger et reconnaître
La contribution subjective au mouvement - La rhétorique de la résistance au changement
Croyances et valeurs du management
Les croyances du management - Le « jugement de beauté» du management
Don et reconnaissance
La reconnaissance horizontale - La reconnaissance verticale - Agir pour la reconnaissance - Sens et reconnaissance
Donner ou calculer ?
Le don affinitaire - La tentation de l’égoïsme - Le don altruiste - La logique de la nostalgie
Conclusion
Bibliographie.