Chassez le naturel...

Chassez le naturel...
Écologisme, naturalisme et constructivisme

Tchernobyl, Erika, vache folle, clonage, effet de serre, pollutions... Nous vivons assurément dans la " société du risque ". Mais alors, pourquoi l'objectif de sauvegarder ce qu'il subsiste de la Nature peine-t-il autant à s'imposer dans les faits ? Parce qu'il se heurte à de multiples intérêts économiques et financiers, certainement. Mais aussi, peut-être, pour une autre raison, plus subtile et plus troublante. Pour défendre la nature, encore faudrait-il être sûr qu'elle existe et que quelque chose puisse être à coup sûr réputé de l'ordre du " naturel ". Or une telle hypothèse va à l'encontre de la tendance actuellement dominante des sciences sociales, selon laquelle, de l'ensemble des institutions sociales aux réalités même du monde physique, rien n'est vraiment naturel, parce que tout serait " construit ". Quelle nature défendre, et comment, si elle se révèle de part en part artificielle ? Il n'y a peut-être pas de question théorique, éthique et politique plus centrale. Comment penser aujourd'hui l'idée de nature ? Comment se rapporter au risque ? Comment, en matière de théorie de la connaissance, arbitrer entre les postures réalistes des scientifiques et les thèses constructivistes des sciences sociales en général et de la sociologie de la science en particulier ? Peut-on renoncer à un naturalisme naïf sans pour autant verser dans un relativisme autodestructeur ? Sur ces questions - qui font la trame de ce qu'on peut appeler la querelle du constructivisme -, interviennent avec force et sans concession, dans ce numéro de La Revue du MAUSS, certains des principaux protagonistes français et étrangers de ce débat théorique et épistémologique redoutable, dont les enjeux sont si immédiatement et fortement pratiques.


Facebook Twitter Google+ Pinterest
Détails techniques
Collection : Revue du M.A.U.S.S. n°17
Parution : 07/06/2001
ISBN : 9782707135018
Nb de pages : 448
Dimensions : 135.0 * 220.0 cm

Table des matières

Présentation, par Alain Caillé, Philippe Chanial, Frédéric Vandenberghe
Ouverture. L'angoisse face à la perte de la nature
" Vache folle " : une panique politique, par Robert Redeker
Introduction à la sociologie (cosmo)politique du risque d'Ulrich Beck, par Frédéric Vandenberghe
La nature humaine à l'épreuve : " élevage " ou " dressage " ? par Joël Roucloux
Acte I. Enjeux politiques et écologiques de l'idée de nature
Nature, écologie et économie. Une approche anti-utilitariste, par Serge Latouche
Écologie, nature et responsabilité, par Kate Soper
Une politique de la nature sans politique. À propos des Politiques de la nature de Bruno Latour, par Alain Caillé
Reconfiguration et rédemption des acteurs en réseaux. Critique de la sociologie actantielle de Bruno Latour, par Frédéric Vandenberghe
Réponse aux objections, par Bruno Latour
À propos de " débat " sur la technique, par Jean-Pierre Siméon
Acte II. Culturaliser la nature ? La querelle du constructivisme
Les lumières tamisées des constructivismes. L'humanité, la raison et le progrès comme transcendances relatives, par Philippe Corcuff
Études sociales des sciences, politique et retour sur soi. Éléments pour sortir d'un débat connu, par Dominique Pestre
Pourquoi je suis un constructiviste non repentant, par Jean-Louis Lemoigne
Vers une généalogie constructiviste du constructivisme, par Michael Lynch
À l'épreuve du paysage. Constructivisme savant et sens commun constructiviste, par Danny Trom
Acte III. Naturaliser la culture. Faut-il naturaliser l'esprit et le social
Le naturalisme dans la sociologie américaine au tournant du siècle. La genèse de la perspective de l'École de Chicago, par Daniel Céfaï
Naturaliser le sens : une erreur de catégorie ? par Louis Quéré
Le sociologue dans la nature, pourquoi pas ? par Bernard Conein
Acte IV. Tout est-il construit et donc relatif ?
Relativité de quoi ? par Philippe de Lara
Sur l'idée de schème conceptuel chez Davidson, par Peter M.S Hacker
Cet universalisme qui n'est pas Un. À propos de Emancipation(s) de E. Laclau, par Linda Zerelli
Comment penser l'autonomie des discours ? Un moyen : le concept d'imaginaire hégémonique, par Alexis Masse
En guise de dernier acte
La politique dans la société du risque, par Ulrich Beck
Le déni du déjà-là. Sur la posture constructiviste comme manifestation de l'esprit du temps, par Jacques Dewitte
L'apparence infinie, par Henri Raynal.