Louise Michel (1830-1905) fut institutrice, militante anarchiste et féministe, écrivaine, grande figure de la Commune de Paris. Inlassable militante révolutionnaire, elle laisse une œuvre littéraire considérable dont À travers la mort. Mémoires inédits, 1886-1890.
2015-09-17 - Jérôme Skalski - L'Humanité
Lecteurs, abandonnez tout repère en ouvrant ces Mémoires inédits de Louise Michel (1830-1905), grande figure de la Commune (ce qui lui valut d’être déportée entre 1873 et 1880 en Nouvelle-Calédonie, où elle se convertit à l’anarchisme) et infatigable propagandiste de la « Sociale ». A commencer par le titre : pourquoi « inédits » ? N’avions-nous pas déjà ses Mémoires ? Le premier tome seulement, paru chez Roy en 1886, et qui n’avait jamais eu de suite – du moins en volume. Entièrement requise par l’actualité, Louise Michel avait choisi, à la grande fureur de son éditeur, de livrer le second en feuilleton dans L’Egalité en 1890. Certes, un manuscrit tardif parut à Londres en 1904, sous le titre Histoire de ma vie et, republié aux éditions Tribord en 2005, fut intituléMémoires (pour ajouter à la confusion) ; il ne s’agissait toutefois là que d’un ersatz, ayant peu à voir avec l’étonnant feuilleton en quelque soixante-dix épisodes confié àL’Egalité. Mais peut-on encore parler de « Mémoires » à propos d’un texte qui ne couvre que quelques années de Louise Michel (de 1886 à 1890, entre le décès de sa mère – ultime attache personnelle – et son départ à Londres), et qui s’offre surtout comme une suite totalement hétéroclite de notes, de poèmes ou de procès-verbaux ? D’emblée, nous voici avertis : les fragments qui nous sont livrés furent gagnés sur le feu ; les incendies de la Commune, mais aussi le poêle de Louise Michel, où ont bruléune première et même une deuxième version originale de ce « second volume ». Pas d’autre raison à cela que la nécessité de coller à la situation : ces manuscrits avaient vieilli, « comme dans quelques mois, quelques jours peut être, celui-ci aura vieilli ». Ne vous étonnez donc pas : l’extrême discontinuité de ce texte où l’on passe d’un portrait à la reconstitution d’un procès ou au compte rendu d’une conférence anarchiste… tout ce désordre s’explique par l’urgence à laquelle Louise Michel a désormais plié son existence. […] Pas de livre plus foutraque et en même temps plus émouvant qu’A travers la mort.
2015-09-18 - Jean-Louis Jeannelle - Le Monde des Livres
Louise Michel fut féministe dans ses actes. Armée, elle transgresse l’assignation à son genre. Ses Mémoires inédits, soixante-dix feuilletons parus dans la presse et qui passaient pour perdus, retracent sa vie de meetings en manifestations, de ses feuillets de prison à ses articles sur les pendus de Chicago. S’y affirme aussi combien pour la « vierge rouge » admiratrice de Victor Hugo, la poésie eut de l’importance.
2015-11-01 - Christophe Goby - Le Monde diplomatique